Villeurbanne, des jardins pour donner un nouveau souffle à son centre-ville
Quoi de mieux que d’avoir son petit lopin de terre, où l’on peut cultiver fruits et légumes pour sa famille, rencontrer les habitants de son quartier et contribuer à la biodiversité de sa ville ? Les jardins ouvriers sont une réponse concrète au besoin croissant de nature, de calme et de verdure dans un contexte d’urbanisation intense. De nombreuses collectivités urbaines les développent. Villeurbanne en fait partie et les a programmés dans son plan d’urbanisation.
Dans cette ville traditionnellement ouvrière, ces jardins ouvriers ne sont pas nouveaux mais la ville les remet au goût du jour et au cœur de sa stratégie de développement local urbain. A très faible coût pour la municipalité, ces jardins ont un impact social et environnemental significatif dans les quartiers densément peuplés de la ville où les conditions de vie des habitants ne sont pas toujours les meilleures. Ces jardins ouvriers apportent des ressources aux familles via la production de fruits et légumes sur une parcelle entièrement gratuite mise à disposition par la Ville.
Via cette pratique, si courante il y a quelques décennies, les populations développent un rapport tout nouveau à la nature et à l’environnement. Ces jardins viennent rappeler aux Villeurbannais l’existence, l’importance et le fonctionnement de la nature, l’origine des produits qu’ils consomment tout en améliorant l’esthétisme du paysage urbain.
L’enjeu social n’est pas non plus à négliger dans cette opération. Les habitants ont accès à un espace vert personnel gratuit qu’ils peuvent exploiter. La ville met à leur disposition cabanes, systèmes de récupération des eaux de pluie, etc. en échange du respect d’une convention d’utilisation de ces jardins. Cela permet à des gens parfois éloignés du marché de l’emploi, de remettre un pied dans une activité, de créer de leurs mains, de produire. L’impact psycho-social de ces jardins est très fort. Ce sont aussi des lieux de rencontre et de partage autour de la production potagère. Certains labourent, d’autres plantent, arrosent ou encore cueillent fruits et légumes. Mais cela ne s’arrête pas là… pour sensibiliser les enfants du quartier, leur faire connaître et mieux respecter la nature, des animations pédagogiques sont prévues.
A Villeurbanne, ce sont aujourd’hui quatorze jardins ouvriers dont neuf appartenant à la Ville qui sont mis à la disposition des habitants au travers des associations de quartier. En 2009, trois jardins partagés ont vu le jour dans le centre-ville de Villeurbanne, où l’urbanisation est la plus dense.
Mais ces opérations impliquent la mobilisation d’un large partenariat. Le Jardin Saint-Pierre Chanel par exemple, est l’aboutissement de la rencontre et de la coopération des habitants du quartier, d’acteurs sociaux et d’institutions. Suite à la destruction en 2001 de l’église Saint-Pierre Chanel et de la décision de donner à cet espace une vocation publique, la ville prend la décision d’aménager un parc, proposition très décriée par les habitants, ces derniers préférant la création de jardins partagés. C’est chose faite en 2005, puisque des jardins familiaux sont créés à côté du parc. Ils se concrétisent grâce à une action conjointe d’acteurs locaux (Maison de quartier, Association Passe-Jardins, Ecole primaire du quartier), d’acteurs privés (Cabinet d’architectes Fleurent Valette) et de la Ville de Villeurbanne. Ces jardins partagés s’accompagnent d’un programme de rénovation des bâtiments et des infrastructures environnantes. Ils accueillent des activités pédagogiques pour les enfants de l’école primaire du quartier et permettent à tous les habitants des Brosses d’avoir un lieu où se retrouver, et échanger.
Ce projet, financé par le Conseil général du Rhône, le Grand Lyon et l’Etat via des financements de l’ANRU (Agence Nationale de la Rénovation Urbaine) est un succès. Au total, ce sont trente parcelles individuelles qui sont mises à la disposition des habitants du quartier en plus de la parcelle partagée. La construction de ces jardins a permis le développement d’activités culturelles et sociales dans le quartier. Notons par exemple l’action de la Maison de Quartier au sein de ces jardins pour favoriser les rencontres intergénérationnelles et le partage des savoir-faire.
Ces jardins familiaux font aujourd’hui parties intégrantes de la politique urbaine de Villeurbanne. Ils s’inscrivent pleinement dans le plan d’urbanisme de la ville, participant à sa trame verte et permettant un tout nouvel usage de l’espace public urbain. Ces jardins ne sont pas de simples espaces verts mais sont le lieu d’un nouveau regard sur la ville et sur la vie des habitants. Les pratiques potagères, culturelles et sociales au sein de ces jardins permettent une toute nouvelle appropriation de l’espace urbain dans le respect de l’autre et de l’environnement.
Comme le souligne Stéphane Spatola, chargé de mission au développement durable de la Ville de Villeurbanne: « Ces jardins sont une très bonne manière de valoriser l’espace public local ».
Cédric Burgun pour Eurêka 21, Mars 2010
A découvrir également sur notre site : l’entretien mené par Eurêka 21 avec Stéphane Spatola, chargé de mission développement durable de la municipalité de Villeurbanne.