Utopies estivales : la République de l’Escarton en 2038 (épisode 2/5)

Montagne juillet 2024 4 min de lecture
Montagnes utopies estivales
(c) Wimdu

Utopies estivales : imaginons les territoires de demain

À l’occasion de ses 15 ans et lors de son événement « La coopération au service de la transition écologique des territoires » (12 décembre 2023), eurêka 21 a invité l’ensemble des participants à se projeter dans le monde de demain.

 L’idée ? Imaginer, en sous-groupes, un territoire dystopique en 2038, soumis à des aléas climatiques puis proposer des solutions basées sur la coopération pour faire de ces territoires une utopie désirable pour toutes et tous.

 

Dystopie : « Court-circuit dans l’Escarton »

Le 10 février 2038. Plus de neige en montagne en République de l’Escarton.

Il est 5h28, la nuit a été agitée car il a plu toute la nuit. J’ai entendu un gros bruit. Je suis sortie de chez moi, et j’ai constaté que la route nationale ainsi que le poteau électrique ont été emportés par le torrent qui est sorti de son lit. Je tente de rejoindre la caserne de pompiers dont je suis le capitaine. Aucune communication téléphonique et internet possible sur mon téléphone pour joindre mes équipes. Une fois à la caserne je rencontre le maire qui est déjà sur place, qui est démuni car il ne peut pas demander à ChatGPT de lui trouver une solution. Sur place le bilan est catastrophique. Le téléphone satellite ne fonctionne même plus. Au fil des heures, nous nous apercevons que toute la vie quotidienne est impactée : il n’est plus possible de retirer de l’argent, les commerces n’acceptent plus la carte bleue, le supermarché est inondé et les frigos ne fonctionnent plus, l’eau du robinet n’est plus potable. Les maisons n’ont plus de chauffage, mais surtout, tous ceux équipés en domotique sont coincés à l’intérieur et ne peuvent même plus ouvrir leurs fenêtres… La panique monte dans la population.

L’utopie : « Une journée ordinaire dans l’Escarton »

Le 10 février 2038. Je sors de chez moi et la neige m’accueille au petit matin. Pendant longtemps j’ai bien cru qu’elle viendrait à disparaître, mais heureusement il y a 15 ans, les États se sont entendus lors de la COP 28 pour sortir des énergies fossiles, et nous sommes en train d’atteindre la neutralité carbone.

Dans la nuit, il y a eu une grosse tempête, on m’appelle pour aller sauver un groupe de randonneurs qui se sont retrouvés coincés dans un ancien hameau, abandonné depuis 10 ans maintenant. Je savais qu’on aurait dû détruire ces bâtiments, ils sont beaucoup trop exposés aux risques climatiques ! A l’époque, on construisait n’importe où alors que les anciens nous avaient prévenu : certaines zones ne doivent pas être construites (risques d’avalanche, d’inondations liées aux sorties de lits des rivières en cas de crue…). Heureusement l’association de protection de la nature s’est opposée à la mise en place des JO 2030, et les pompiers nous ont soutenus dans le cadre des stratégies de prévention. Le territoire a pu récupérer une partie du financement pour mettre en place un plan d’aménagement, où le vivant et la nature ont été intégrés. Un grand plan de concertation avait alors été mis en place avec les habitants et des communes italiennes en avance par rapport à nous. De nombreuses solutions ont été mises en place pour loger les habitants, tout en étant en sécurité : rester dans les vallées, habitat partagé et solidarité ! Allez, je vais sortir les touristes de là, et place à la fête du village !

Remerciements : merci aux participants qui ont élaboré ces histoires à l’occasion du colloque « La coopération au service de la transition écologique des territoires » le 12 décembre 2023, à la Maison de l’Europe de Paris.