Utopies estivales : Jojo en 2038 (épisode 5/5)

août 2024 4 min de lecture
Lapin utopie dystopie

Utopies estivales : imaginons les territoires de demain

À l’occasion de ses 15 ans et lors de son événement « La coopération au service de la transition écologique des territoires » (12 décembre 2023), eurêka 21 a invité l’ensemble des participants à se projeter dans le monde de demain.

L’idée ? Imaginer, en sous-groupes, un territoire dystopique en 2038, soumis à des aléas climatiques puis proposer des solutions basées sur la coopération pour faire de ces territoires une utopie désirable pour toutes et tous.

Dystopie : « Variable, c’est pas Jojo ! »

On est le 15 janvier, ça doit enfin être l’hiver ! Ça sent la terre humide. Je vais pouvoir sortir de chez moi, couvert de ma traditionnelle robe blanche. Ô stupeur, que vient faire tout ce marron dans mon champ de vision ? Et je sens que je suis la proie de tous les regards. Je vois beaucoup d’eau qui descend dans la vallée, la boue rend difficile le moindre de mes déplacements. Impossible de rejoindre le champ de carottes du paysan voisin où j’aimais glaner en famille, incognito. Tout le monde s’agite, dans son coin, pour essayer de réparer son muret. Les marmottes écopent chacune dans leur tunnel. Même les fourmis sont empêchées de faire société.

C’est bizarre d’ailleurs, il n’y a pas ces humains à la démarche bizarre, comme s’ils glissaient sur leurs longs pieds en plastique. Sans doute les grandes pistes grises, qui les emmènent par troupeau chaque saison, ont-elles disparu sous les eaux. D’ailleurs, je ne vois plus que cela : de l’eau à perte de vue. Que vais-je devenir avec mon pelage blanc, sans cette neige qui me servaient de refuge et que certains humains semblaient apprécier. Après tant d’efforts, de générations en générations, pour échapper au pot-au-feu, mes petits et moi n’allons-nous pas finir dans les griffes d’un rapace ou entre les crocs d’un renard ?

Et les humains ? Ils ont bétonné le sol pour les Jeux Olympiques, mais aussi avant et après. Ils se sont réunis pour se préoccuper des miens, sans même prendre le temps de nous regarder pendant leurs trajets. Mais qu’ont-ils vraiment fait ? Y aura-t-il de la neige à Pâques ?

L’utopie : « La Variable d’aJoJostement »

Chapitre 1 : D’abord l’histoire d’une utopie animale non humaine

En bon lapin père de famille et orienté solutions, j’ai décidé de réfléchir hors du terrier. Avec mes voisines les marmottes, nous avons formé un Groupe d’Adaptation Locale, et avons trouvé une solution mutuelle : les marmottes, habiles siffleuses, nous préviennent du passage des engins motorisés sur les pistes grises et boueuses, pilotés par les bipèdes aux pieds de plastique. Nous surgissons alors pour nous recouvrir de la boue qui assurera notre camouflage quotidien. En contrepartie, notre technique de creusement de terriers, plus rapide que la leur, permet d’améliorer le drainage de leurs domiciles.

Chapitre 2 : Ensuite une coopération entre humains

Inspirés par ce manège bestial, ces chers bipèdes ont également commencé à réfléchir. “Cessons d’être bêtes, coopérons”. Les communautés de haute montagne ont exploré la coopération avec leurs lointains voisins du plat pays minier : le savoir-faire patrimonial des mineurs de fonds a servi à développer des galeries plus efficaces pour faire circuler l’eau à travers la montagne, faisant ressurgir des métiers oubliés et, dans ce contexte, étonnements modernes.

Épilogue

Au hasard des rencontres entre bipèdes, marmottes et lapins, un projet innovant porté par l’association CoopéInterspé2038 a permis de développer le premier exemple de collaboration interspécifique entre le Groupe d’Adaptation Locale Marmotte-Lapin et le tandem GAL Montagne et GAL Pays Minier, ouvrant ainsi la voie à la plus belle utopie rêvée, celle du Vivant.

Remerciements : merci aux participants qui ont élaboré ces histoires à l’occasion du colloque « La coopération au service de la transition écologique des territoires » le 12 décembre 2023, à la Maison de l’Europe de Paris.