Ambitieuse, l’association Terre d’ADELES l’est : avec plusieurs jardins solidaires, des AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), des ateliers de sensibilisation pour les jeunes et les professionnels ainsi qu’un Système d’Echanges Local (SEL), elle tente de promouvoir le développement durable dans la ville de Pessac, via une approche solidaire.
Terre d’ADELES est issue du « SEL des voisins », un SEL de l’agglomération bordelaise. Les familles pessacaises, soucieuses de s’adapter au développement durable et se reconnaissant des les valeurs de l’écologie et l’économie solidaire décident en 2004 de transformer ce SEL en association. Elle doit être un moyen concret de consommer de manière plus équitable, plus solidaire et plus respectueuse de l’environnement. Elle a pour objectif de promouvoir la participation citoyenne et les changements des pratiques de consommation et de production. Concrètement, elle regroupe plus de 250 familles qui se sont engagées en faveur du développement durable. Pour mettre tout cela en œuvre, Terre d’ADELES s’appuie sur quatre piliers : le soutien aux jardins d’ADELES (chantiers collectifs, potagers solidaires…) ; la formation d’un réseau de consommateurs soutenant l’agriculture durable et locale afin de faire évoluer les pratiques de consommations (11 AMAP et circuits courts) ; le renforcement du lien social par un Système d’Echanges Local (SEL), et la sensibilisation du grand public au développement.
Parmi ces actions, ce sont probablement les jardins d’ADELES qui sont aujourd’hui les plus visibles et les plus médiatisés. Terre d’ADELES a créé un jardin solidaire dans lequel les membres de l’association viennent travailler et produisent des légumes (on compte pour l’année 2011 environ 1500 heures de bénévolat). Une personne a été embauchée pour structurer le jardin et pour conseiller ceux venant aider. Le jardin, cultivé de manière écologique, permet de produire un nombre de paniers aujourd’hui conséquent (environ cinquante par semaine), paniers qui sont ensuite soit vendus, soit échangés au sein du SEL de l’association. Le jardin reçoit également des visiteurs, notamment dans le cadre de la mission de sensibilisation. Un espace d’accueil leur a été dédié afin de sensibiliser la population locale, et notamment les jeunes des écoles, collèges et lycées au travers de réunions et de diverses activités. L’association a également créé les « petits jardins d’ADELES » ainsi que le projet « Guide Potager à domicile », destiné à diffuser auprès de particuliers les bases du jardinage durable. Onze familles ont bénéficié d’un appui pour créer leur propre jardin à domicile. Ce projet d’économie solidaire, a permis d’apprendre aux individus à mieux consommer et à mettre en pratique le développement durable. Il contribue à créer une économie sociale ainsi qu’un nouveau métier, original, exigeant et professionnalisant, qui soit une source possible pour de nouveaux emplois.
On peut compter un dernier objectif au Jardin, celui lié aux « Ressources Humaines » qui s’est précisé avec le temps. Aujourd’hui, le jardin souhaite proposer des emplois avec des missions claires et des tâches détaillées et quantifiées, envisager des contrats à durée déterminée, offrir aux salariés un maximum d’ouverture et de qualification par des rencontres, des échanges et des formations. La pérennisation des emplois est cependant toujours difficile dans un contexte économique morose.
Une autre activité de l’association est le Système d’Echanges Local. Il permet aujourd’hui un grand nombre d’échanges ainsi qu’une nouvelle forme de consommation pour ses usagers.
La « fraise », monnaie utilisée dans ce SEL, se substitue alors aux euros. Grâce à elle, les individus peuvent s’échanger biens et services en fonction de leurs besoins, amenant à limiter la surconsommation. Ce système est également utilisé pour aider les personnes à faibles revenus. Le jardin a mis en place un certain nombre de paniers « selidaires », paniers de légumes accessibles à moindre prix et l’association essaie d’étendre cette politique à certains produits des AMAP. De plus, l’association valorise les coups de main donner par les « jardiniers selidaires » en les transformant en fraises.
En dehors du Jardin et du SEL, on peut trouver huit AMAP et trois circuits courts. Des contrats sont signés avec un grand nombre d’agriculteurs et de pêcheurs. Des « fermes » travaillent en partenariat avec l’association, produisant du miel, du cidre, du jus de pomme, du fromage, etc. Le nombre d’interventions a augmenté, avec la participation à différentes manifestations (Printemps de Bourgailh, Rencontres de l’économie solidaire de Pessac, Université d’été de la solidarité internationale, etc.). En partenariat avec l’association France Amérique Latine et la fondation cubaine Antonio Nunez Jimenes pour la Nature et l’Homme, l’association développe depuis trois ans des échanges autour de la permaculture. Quelques plants du Jardin d’ADELES ont d’ailleurs été plantés à Cuba. Un stage de permaculture a réuni en juillet dernier une vingtaine de stagiaires autour de deux formateurs de la Havane.
Aujourd’hui, l’association se diversifie, trouvant mille et une façons de promouvoir le développement durable et de créer du lien social. Elle rencontre certes des difficultés de pérennité, liées à un manque de financement, mais elle continue d’encadrer et d’encourager les personnes s’essayant à une vie plus respectueuse du futur.
Marie Weishaup pour Eurêka 21, Septembre 2010
A découvrir bientôt également sur notre site : l’entretien mené par Eurêka 21 avec Dorothée Eisenberg, Présidente de l’association Terre d’ADELES.