L’Europe au cœur des territoires avec le projet « Mappemonde » – L’INTERVIEW
Laissez-vous guider… « Mappemonde » est là pour vous accompagner à la rencontre de deux superbes territoires européens. Dans le cadre de Leader, programme de coopération européenne sur les enjeux du monde rural, le Parc naturel régional du Haut Jura et le Groupe d’action locale de l’Alto Bellunese dans le Nord de l’Italie mènent une réflexion commune sur la valorisation et la préservation d’un patrimoine naturel d’exception.
Ces deux territoires, si semblables par la montagne qui les entoure, vous invitent à partager leurs paysages et traditions culturelles grâce à l’audioguide qu’ils ont conjointement développé. Regard croisé sur le meilleur de la coopération européenne avec Philippe Andlauer et Flaminio Da Deppo, Directeurs et Présidents respectifs du PNR du Haut-Jura et du GAL de l’Alto Bellunese.
Eurêka 21 : Pourquoi avoir choisi ce partenaire ?
Flaminio Da Deppo (Alto-Bellunese) : Nous avons choisi le Haut Jura, parce que nous nous ressemblons. Parce que les territoires et leurs besoins sont semblables. Ils se définissent tous les deux par la montagne. Cela a été notre premier critère dans le choix de nos partenaires.
Philippe Andlauer (PNR du Haut-Jura) : Ce sont eux qui nous ont choisis ! Ils cherchaient, pour coopérer, un territoire avec les mêmes caractéristiques : la montagne, et un fort développement industriel dans la production de lunettes. Ils ont fait le tour de l’Europe et ils sont tombés sur le Haut Jura ! C’était en 2000. Leur projet nous a séduits et on est partis avec eux.
E21 : Qu’apporte la coopération transnationale à votre projet ?
FDD : Le projet Mappemonde était la découverte des milieux naturels, des sites Natura 2000. La coopération apporte un échange de méthodologie et de connaissances. C’est le cœur de la dimension transnationale. Mais surtout, c’est l’ouverture et l’amitié que nous avons reçues. Les Français sont venus en Italie. Nous leur avons montré notre région, cela reste nos plus beaux souvenirs de coopération. Et réciproquement, des Italiens se sont rendus dans le Haut Jura. C’est ça le principal avantage de la coopération : la possibilité de nouer une amitié, de fonder un respect réciproque.
PA : La coopération transnationale permet à un territoire aussi petit et isolé que le Haut Jura de participer à la construction de l’Europe. Il y a aussi une dimension d’ouverture sur l’extérieur, la capacité de construire un projet véritablement commun. Et puis au niveau technique, cela représente l’acquisition de nouvelles compétences. Par exemple, nous leur avons apporté la méthodologie sur l’identification et la gestion des sites Natura 2000. Eux nous ont appris à véritablement développer un produit touristique, avec étude de marché et prise en compte des différents publics que l’on peut toucher. Car l’un des objectifs était d’ouvrir les sites Natura 2000 à la fréquentation.
E21 : Avez-vous eu des surprises ? Un choc culturel ?
FDD : Nous avons été très étonnés de la grande capacité de planification de nos partenaires français. C’est impressionnant ! Par exemple, on a dû organiser une rencontre publique à Venise un an avant la date de la réunion en question. Vous imaginez ! C’est impossible à Venise de prévoir tant à l’avance ! Je dirais que cette capacité pénalise la fantaisie ou l’imagination. A part ce détail, nous n’avons eu aucune difficulté avec nos partenaires français. Y compris sur le plan culturel. Les langues sont très semblables, et nos territoires se comprennent. Vous savez, nous avons d’autres partenaires européens qui sont limitrophes. Ce sont des Autrichiens, à une heure de voiture. Les Français sont certes plus loin, mais ils ont la même approche du territoire, nos opportunités se rejoignent.
PA : Les différences culturelles ne sont pas si importantes. C’est plus la montagne qui nous réunit que les cultures italo-françaises qui nous séparent. On a les mêmes valeurs : on partage la même perception de la montagne, de son économie, de son environnement, de ses solidarités. Mais il est vrai que les Italiens ont une forme de décontraction assez surprenante. Il nous ont donné le surnom de « Monsieur et Madame concrètement », car on posait toujours la question « Concrètement, qu’est-ce qu’on fait ? ». C’est un peu notre marque de fabrique, notre qualité et notre défaut, de toujours ramener la discussion sur un terrain pragmatique. Eux sont peut-être plus dans le discours. Pour les Italiens, il n’y a jamais de problème : « Monsieur et Madame y’a pas de problème », disions-nous !
E21 : Vos recommandations pour réussir une coopération entre territoires européens ?
FDD : Je dirais simplement qu’il faut prendre les choses en toute tranquillité et rester serein.
PA : Il faut définir ensemble un projet qui parle aux deux territoires, qui soit un enjeu stratégique commun, lié à leurs deux identités. Il faut de la rigueur dans la méthode, se fixer des objectifs précis, et un calendrier à respecter. Et toujours de la convivialité.
E21 : Les trois mots de la fin ?
FDD : Harmonie. Coopération. Et amitié bien sûr
PA : Plaisir, ouverture et Europe des hommes. Le meilleur souvenir qui me restera, c’est lorsque les Italiens nous ont invités chez eux pour des vacances, en dehors donc du projet lui-même. Au delà du travail, il s’est passé quelque chose entre les gens. On a pris du plaisir à la coopération, et cela nous a permis de nous ouvrir sur l’Europe. On s’est sentis européens.
Propos recueillis le 29 mai 2009 par Zita Tugayé, Eurêka 21
Pour en savoir plus :
Le site officiel du PNR du Haut-Jura
Présentation de l’audioguide Mappemonde