Envifacilitate : favoriser l’accessibilité des informations environnementales à l’échelle transnationale

mars 2011 6 min de lecture
Créateur : Mlenny | Crédits : Getty Images

Les décisions en matière d’environnement devraient se baser sur des données géographiques précises et fiables, issues de multiples acteurs. Les différents processus de production et d’utilisation de ces données spatiales devraient assurer à chacun un accès égal aux informations environnementales. Ces questions ne connaissant pas de frontières, le meilleur moyen de les aborder est certainement par la coopération transnationale. Le projet Envifacilitate, sélectionné par le programme européen LIFE implique des partenaires de trois pays : la Finlande, l’Estonie et la Lettonie. Risto Kalliola, de l’université finlandaise de Turku, et Tiina Dislis, du centre estonien des informations environnementales, ont partagé avec nous leur expérience sur la mise en place d’un réseau et d’un partage d’informations environnementales au niveau transnational.

Eurêka 21: Comment le projet Envifacilitate est-il né?

Risto Kalliola: Nous avons décidé de développer ce projet car il y avait un réel besoin d’amélioration de l’intégration des données géographiques et environnementales. Le terrain est complexe sur ce sujet du fait de la diversité des processus et des méthodes de production de ces données. Notre objectif était de développer des méthodes communes de diffusion de l’information et des bases de données environnementales.

Tiina Dislis: Le projet est né à l’université de Turku, notre partenaire principal. Ils recherchaient des organisations travaillant sur des données spatiales et environnementales et ayant besoin d’une meilleure accessibilité de ces données. Ils nous ont invités à nous joindre au projet et nous ont contactés via leurs partenaires de l’institut finlandais de l’environnement, avec qui nous nous étions déjà relation.

E21: Quels étaient vos partenaires ?

RK: D’une part, les partenaires étaient les structures produisant des données environnementales et spatiales : les agences environnementales, les Ministères et les acteurs locaux. D’autre part, les acteurs ayant besoin de ces données spatiales dans leur mission : les chercheurs, les décisionnaires et les agents publics, principalement. En Finlande, ce sont l’université de Turku, l’institut finlandais de l’environnement, l’institut météorologique et le Conseil régional. Il est important d’impliquer les acteurs locaux dans les services et les infrastructures en charge de produire des données spatiales. Comme nous avons pu le constater lors de la création du portail à Lounaispaikka, la pertinence des données géographiques est immédiate à l’échelle locale.

TD: Notre organisation était le seul partenaire estonien. Les intérêts de l’institut estonien de l’environnement étaient représentés au sein des groupes de travail stratégiques.

E21: Quels ont été les résultats?

RK: Nous avons développé des services web tels que des cartes interactives ou des plateformes électroniques où les usagers peuvent télécharger gratuitement des données pendant une période limitée.

TD: Nous avons développé un système d’information de la nature en Estonie et créé un service environnemental pour enregistrer les données.
Mais ce projet a davantage consisté à développer les outils déjà existants qu’à en créer de nouveaux. Notre grande réussite a été de lancer le débat entre les acteurs de ce secteur, ce qui a contribué à alimenter la stratégie d’aménagement et d’environnement d’Estonie. Nous avons organisé de nombreuses sessions de brainstorming et un séminaire de clôture sur le thème du partage des données spatiales. Nous avons appris de l’expérience et des approches de chacun, comme par exemple, sur la diffusion des informations environnementales aux décisionnaires et sur l’influence qu’elles pourraient avoir sur les politiques environnementales.

E21: Quelles difficultés avez-vous rencontrées?

RK: La définition du budget général a été difficile. Chaque coût a dû être anticipé très précisément. Le niveau de détail imposé a été assez contraignant, notamment pour le chef de file. Pour qu’un projet soit dynamique, nous devrions avoir la possibilité d’engager les ressources au moment adéquat. Les conditions changent et l’environnement n’est pas toujours stable: ce que vous aviez planifié quatre ans auparavant ne convient plus forcement à la situation présente. Cela est trop restrictif et peut restreindre la créativité du chef de file.

TD: Pour notre part, nous n’avons pas rencontré de difficulté particulière. Mais la situation en Estonie diffère beaucoup de celle de la Lettonie et de la Finlande. La loi estonienne sur l’environnement, oblige les organisations à partager leurs données spatiales et rend nos objectifs plus simples à atteindre.

E21: Quelles sont les clefs du succès de ce projet de coopération?

RK: Lorsque vous montez un projet avec différents partenaires, il est inévitable que certains acteurs soient plus impliqués et actifs que d’autres, en fonction du temps disponible et des intérêts respectifs. Une des clefs est de s’assurer que chaque partenaire partage la même information et y a accès facilement.
Nous avions un site internet avec une plate-forme intranet intégrant notamment tous les comptes-rendus des échanges officiels et non officiels pendant les différentes rencontres entre partenaires. Ainsi, chacun avait l’assurance d’un même niveau d’information tout le long du projet.
Une autre difficulté est issue du turn over rendu inévitable sur un projet de trois ans. Il a été important de constituer une sorte de « mémoire commune » du projet afin d’éviter des pertes d’informations avec le départ de certaines personnes clés. Le rôle et le profil du chef de file sont essentiels à la réussite du projet. Dans notre cas Dr. Tuuli Toivonen a parfaitement joué son rôle.

TD: On ne devrait jamais supposer connaitre les idées et la position de nos partenaires. Tout doit être dit de manière claire et directe. Les facteurs de réussite du projet reposent donc sur une bonne gestion et une compréhension commune et partagée des objectifs. La communication est plus facile lorsque l’on connait personnellement ses partenaires, ce qui rend indispensable les réunions régulières avec les partenaires.

E21: Trois mots pour illustrer le projet ?

RK: Instructif, stimulant et exaltant !

TD: Coopération, intégration et apprentissage. Ce projet a été un vrai succès !

Propos recueillis le 6 septembre 2009 par Zita Tugayé, Eurêka 21

Pour en savoir plus :
http://envifacilitate.utu.fi/
http://www.utu.fi/en

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