Emprendeverde : un réseau vert au cœur de la Méditerranée – L’INTERVIEW

mai 2015 11 min de lecture
Créateur : Galeanu Mihai | Crédits : Getty Images/iStockphoto

Né en 2011 à l’initiative de la Fondation pour la biodiversité et du Ministère espagnol de l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, le Réseau d’entreprises vertes est une plateforme web ouverte à tous les acteurs de l’économie verte. Son objectif est de promouvoir la création et la consolidation d’entreprises vertes et de nouvelles lignes d’activités et d’investissements liées aux activités écologiquement viables. En particulier, la plateforme vise à rapprocher les entrepreneurs et les investisseurs potentiels, leur fournissant un cadre commun de réflexion et d’échange autour de l’économie verte. Sonia Castañed, Directrice de la Fundación Biodiversidad, répond aux questions d’Eurêka 21 pour nous en dire plus sur cette ambitieuse initiative.

 

Eurêka 21 : Pourquoi avez-vous choisi de créer un réseau d’entreprises vertes ? Comment cette idée vous est-elle venue ?

Sonia Castañed : Le Réseau d’entreprises vertes (GBN) est la première plateforme espagnole spécialisée dans l’entrepreneuriat vert, visant à renforcer l’émergence des start-ups et la consolidation d’entreprises vertes. La Réseau s’adresse à tous ceux qui répondent positivement aux questions suivantes :
– Avez-vous une idée verte ?
– Voulez-vous investir dans l’économie verte ?
– Souhaitez-vous une croissance verte pour vos entreprises ?

Cette plateforme a été lancée en 2011 dans un contexte de crise multidimensionnelle et systématique, rendant manifeste le besoin d’aller à l’encontre d’une économie durable. Au cours de ces dernières années, l’offre d’emplois dans les secteurs liés à l’environnement a considérablement augmenté. Ces secteurs, présentant un fort potentiel de croissance, vont fortement stimuler la création de nouvelles entreprises vertes dans les années à venir.
Dans le cadre du Programme Opérationnel National 2007-2013 (FSE), la Fondation pour la Biodiversité s’était engagée en 2007 à créer 1 000 nouveaux PMEs vertes et emplois à travers le Green Jobs Programme. C’est en vue d’atteindre cet objectif que la Fondation pour la Biodiversité lançait en 2011 le Réseau d’entreprises vertes, visant à promouvoir la création de nouvelles entreprises vertes ou de nouvelles lignes d’activité vertes dans des entreprises
déjà existantes.

E21 : Quelle est la situation de l’économie verte et des entreprises vertes en Espagne ?

S.C. : En 2010, nous avons lancé l’étude « Emploi verts dans une économie durable ». Dans le cadre de ce rapport, nous avons passé à l’écran les différentes typologies d’emplois liés à l’économie verte et avons identifié de nouvelles perspectives de croissance et d’embauche.
Selon ce rapport, les secteurs actuellement les plus prometteurs en termes de création de nouveaux emplois seraient : le gestion et le traitement des déchets, les énergies renouvelables, le traitement et la purification des eaux usées, l’agriculture et l’élevage écologique.
Quant aux secteurs économiques les plus prometteurs dans l ‘avenir, ils s’agiraient de : l’éco-industrie, l’agriculture écologique, le transport durable, l’éco-construction et le tourisme durable.

E21 : Quelle est l’attitude des investisseurs espagnols envers l’économie verte ?

S.C. : L’un des objectifs de la plateforme verte est d’assurer la liaison entre les entrepreneurs verts et les investisseurs potentiels. Pour ce faire, nous avons organisé deux Forums de l’investissement vert et plusieurs réunions bilatérales entre les entrepreneurs et les investisseurs, auxquelles plus de 40 investisseurs ont participé.
Les investisseurs espagnols montrent en effet de plus en plus d’intérêt dans ce genre d’activités. Ainsi, on compte un nombre grandissant d’adhérents à la plateforme parmi les appartenant à cette catégorie.

E21 : Quels sont les objectifs du Réseau d’entreprises vertes ?

S.C. : Le principal objectif du Réseau est de promouvoir l’entrepreneuriat vert, l’innovation environnementale et la durabilité des activités économiques.
Ses objectifs spécifiques sont :
a) Promouvoir l’esprit entrepreneurial
b) Fournir des études de faisabilité sur la réussite des plans d’affaires
c) Apporter de l’aide aux entrepreneurs et aux petites et moyennes entreprises

E21 : Comment la plateforme a-t-elle été réalisée ? Qui est en charge de l’alimenter?

S.C. : Il s’agit d’une initiative mise en place par la Fondation de la Biodiversité, rattachée au Ministère espagnol de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement. Le Réseau a été lancé en Avril 2011, grâce au soutien de partenaires stratégiques assurant un niveau suffisant de financements publics et d’investissements privés. Le Fonds Social Européen (FSE) a par ailleurs cofinancé le projet, à travers le Programme Opérationnel National 2007-2013. Une équipe multidisciplinaire est aujourd’hui chargée de son fonctionnement.

E21: Vous offrez un large panel de formations se destinant à tous les acteurs de l’économie verte : comment ces formations sont-elles organisées ? Qui en est en charge ?

S.C. : Le Réseau propose une offre de formation à la fois générale et<img1160|right>spécialisée dans des domaines variés comme le développement d’un business plan, l’inclusion de nouvelles lignes d’activités vertes, les différents canaux de financement et d’investissement, les questions environnementales.
Une partie de ces formations est directement organisée par la Fondation pour la Biodiversité, tandis que d’autres sont dispensées par des organismes partenaires, notamment dans le cadre des projets soutenus par notre initiative « Green Jobs Programme ». Toutes ces activités de formation se déroulent en Espagne.

E21 : Quels outils de communication employez-vous afin d’assurer la visibilité de ce projet ? Comment avez-vous réussi à attirer l’attention des entreprises et des investisseurs ?

S.C. : Jusqu’à maintenant, cela s’est fait de manière variée, notamment à travers :
a) Des documents et des brochures informatives : vidéos, newsletter, flyers, témoignages d’expériences, événements, formation, remise de primes lors de la première édition des Green Entrepreneurship Awards, etc.
b) Des campagnes d’information ponctuelles: panneaux publicitaires disséminés sur tout le territoire national
c) Des événements : participation à des événements organisés par la Fondation pour la Biodiversité, rencontres networking sur l’entrepreneuriat et l’investissement vert
d) Une activité régulière de communication autour du projet : à travers les médias (généralistes et spécialisés), les réseaux sociaux, etc.

Tous ces outils de dissémination nous aident à attirer l’attention de nouveaux investisseurs et entrepreneurs dans le Réseau d’entreprises vertes.

E21: Parmi votre panel de bénéficiaires, qui a montré le plus d’intérêt pour le projet ?

S.C. : Les entrepreneurs souhaitant développer de nouveaux business verts sont le groupe cible le plus représenté au sein de la plateforme. Cependant, on constate aussi une participation importante des investisseurs attirés par les profits liés à l’économique verte et d’autres professionnels intéressés à ce domaine (business schools, représentants de la société civile, etc.).

E21 : Le réseau est-il ouvert à des investisseurs et entrepreneurs étrangers ?

S.C. : A l’heure actuelle, le Réseau Emprendeverde est un projet purement national. Du fait d’être cofinancé par le Fonds Social Européen, sa mise en œuvre est restreinte à l’Espagne et ses bénéficiaires ne peuvent qu’être des entrepreneurs espagnols. Toutefois, le Réseau est ouvert à des investisseurs internationaux.
Cependant, la Fondation pour la biodiversité tâche d’identifier des projets de coopération interrégionale afin de mettre en valeur les résultats atteints par le Réseau et d’encourager la reproduction de ce modèle dans d’autres pays européens.
Sur le plan international, le Réseau a été fortement reconnu, notamment de la part de l’Organisation International du Travail (ILO) de Organisation pour la Coopération et le Développement économique (OCDE). Par ailleurs, le Green Jobs Programme (incluant le Réseau d’entreprises vertes) est arrivé en deuxième position dans le cadre de la compétition « Les meilleurs 27 Projets Européens », lancée l’année dernière par l’Union européenne.

E21 : Comment aidez-vous les investisseurs et les entreprises à mieux communiquer les uns avec les autres ?

S.C. : L’un des objectifs du Réseaux vert est de constituer un pont entre les entrepreneurs et les investisseurs potentiels. Pour ce faire, plusieurs activités ont été mises en place :
a) Forums de l’Investissement Vert, canalisant les investissements vers les projets environnementaux et les activités liées à l’économie durable. A l’heure actuelle, deux Forums de l’Investissement Vert ont été organisés, à l’occasion desquels un groupe d’entrepreneurs appartenant au Réseau a pu rencontrer et échanger avec 40 investisseurs ;
b) Rencontres bilatérales entre entrepreneurs et investisseurs susceptibles aux questions environnementales et sociales, souhaitant favoriser la création et la consolidation d’entreprises vertes ;
c) La mise en place d’accords de collaboration avec les investisseurs : accord avec la Triodos Banque et l’Entreprise Nationale pour l’Innovation (ENISA), les deux étant des partenaires stratégiques du Réseau. L’objectif est d’ouvrir l’access aux services financières offerts par la Triodos Banque aux entrepreneurs à travers une demande de subvention et d’orienter les projets des entrepreneurs ayant besoin de financements et pouvant recourir à un prêt participatif.

E21 : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le « Prix Entreprendeverde ? » Comment fonctionne-t-il ?

S.C. : L’objectif des Green Entrepreneurship Awards est de primer le travail des entrepreneurs verts par :
a) Une reconnaissance de leur contribution au développement de l’économie durable
b) La mise en valeur de leurs idées et initiatives
c) L’aide au développement ou à la consolidation de leur business

La première édition des Green Entrepreneurship Awards a pris en compte 3 différentes catégories : nouvelles initiatives de business vert, nouvelles lignes de business liées à l’économie verte et entreprises vertes établies au cours des 5 dernières années. Dans cette première édition, 190 demandes de participation ont été reçues et 40 prix ont été décernés : 7 en argent, et 33 autres. Dans ce dernier cas, il s’est agit notamment d’aide ponctuelle au développement de l’entreprise, ainsi que de la formation et du conseil stratégique.
La cérémonie a eu lieu en Octobre 2012 et a été présidé par le Ministère espagnol de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement. La deuxième édition des Green Entrepreneurship Awards a été lancée récemment. Les différentes propositions de catégorie sont à l’examen, la cérémonie étant prévue pour la fin de l’année 2014.

E21 : Quels ont été les premiers résultats de ce projet ? Quelles sont vos perspectives?

S.C. : Au niveau national, le Réseau Vert a atteint des résultats très positifs avec :
a) Plus de 4.700 adhérant au Réseau
b) 190 entrepreneurs ayant pris part à la première édition des Green Entrepreneurship Awards
c) Un site Web ayant reçu plus de 133.800 visites
d) 15.874 followers sur Twitter, 5.275 likes sur Facebook, 2.010 connections Linkedin

Cependant, la chose la plus importante à souligner, c’est que les entrepreneurs membres du Réseau ont effectivement réussi à créer de nouvelles entreprises vertes et de nouvelles lignes d’activité vertes dans des entreprises déjà consolidées.

E21 : Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant la mise en place du projet et quels conseils donneriez-vous à d’autres acteurs souhaitant lancer une initiative de ce type ?

S.C. : Etant la première plateforme espagnole spécialisée dans l’entrepreneuriat vert, l’une des majeures difficultés rencontrées pendant la mise en place du projet a été de faire connaître le Réseau et d’attirer un nombre important d’adhérents. En particulier, le vrai défi a été de capturer l’attention des investisseurs et de les convaincre à rejoindre la plateforme.
Quant au conseil à donner, il est surtout indispensable de bien connaître les besoins des entrepreneurs verts et les intérêts des investisseurs avant de monter un projet de ce type.

Interview réalisé en mai 2014 par Flavia Lucidi, pour Eurêka 21