E-Elderlyc@re : les vieux comme moteurs de la croissance économique ! – L’INTERVIEW

septembre 2009 5 min de lecture
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Le projet E-Elderly C@re prend naissance dans le cadre du programme de coopération européenne Leader+. Trois territoires européens : le pays de Guéret en Creuse, la commune de Sandviken en Suède, et la province de Trento en Italie se réunissent afin de réfléchir et d’échanger sur le développement des technologies domotiques comme réponse au vieillissement de leur population. Philippe Ponsard et Gunnar Ärnström, Directeurs respectifs des GAL (Groupe d’Action Locale) français et suédois, nous livrent leurs regards croisés sur la coopération.

 

Eurêka 21 : Qu’apporte la dimension transnationale à votre projet ?

Philippe Ponsard : Les trois territoires partenaires connaissent la même problématique d’un vieillissement de leur population. La coopération transnationale nous a permis de vérifier nos hypothèses sur d’autres régions présentant un contexte semblable. Et surtout, nous avons découvert des réponses différentes tout en restant dans une logique complémentaire à la notre. Il faut dire que notre projet était assez osé. Nous avons présenté nos « vieux » comme le moteur de notre dynamisme économique, avouez que ce n’est pas vendeur ! Ce qui était au départ une boutade est devenu un véritable argument politique.

Gunnar Ärnström : La coopération fait naître un nouveau marché pour la Suède. A Sandviken, nous avons une usine, Cibeslift, de fabrication d’ascenseurs adaptés aux besoins des personnes âgées. Ils sont prêts à s’ouvrir sur la France. J’ai organisé des réunions au sein de cette usine lorsque la délégation française est venue à Sandviken. Ce projet de coopération constitue une plateforme pour les échanges économiques.

E21 : La perception de la vieillesse change-t-elle d’un partenaire à l’autre ?

PP : L’Italie a une manière très particulière d’envisager la question, les dépenses sociales sont vues comme une activité économique qui génère un retour sur investissement. C’est une logique très différente de la conception française, où les personnes âgées représentent d’abord un poids économique. Nous avons également beaucoup appris des Suédois et de leur vision sociale et humaine du vieillissement. Ils ne vont pas économiser sur les dépenses pour le confort de leurs populations âgées. Ces différentes visions d’un même problème sont une véritable valeur ajoutée.

GA : Dans le système français, l’hôpital a une place très importante. Tandis que nous avons un système très organisé d’assistance à domicile. Nous essayons de maintenir les personnes âgées chez elles le plus longtemps possible. L’hôpital n’intervient qu’en cas de soins ponctuels. L’Hôpital de Guéret est bien mieux adapté aux personnes âgées. Il dispose d’une équipe spécialisée, comprenant non seulement des médecins mais aussi du personnel social. Nous avons beaucoup à apprendre de ce point de vue. En Suède, quand vous passez par les urgences, la procédure est la même quel que soit votre âge.

E21 : Avez-vous eu des surprises dans le partenariat ? Un choc culturel ?

PP : Nos méthodes de travail se rapprochent plus de l’Italie que de la Suède. Les Suédois ont une approche très carrée et nordique. Ils sont à la fois très organisés et très souples. Ce sont en fait des gens qui font un travail sérieux, sans toutefois se prendre eux-mêmes au sérieux. La Province de Trento, du fait de son statut autonome et de ses compétences élargies, a une structure administrative très lourde derrière elle. La hiérarchie est très peu flexible. Il est difficile de trouver le bon interlocuteur parmi tous les échelons administratifs.

GA : Bien sûr ! Nous venons du grand Nord ! Plus sérieusement, je pense que les Suédois sont plus pragmatiques que les Français. Ils vont droit au but et se situent dans l’action. Un exemple typique, lors de l’organisation d’une conférence, mes premières questions sont : « Quand ? Combien de personnes ? A quels coûts ? » Tandis que les Français se sont d’abord préoccupés du ressenti du public, comment va-t-il accueillir la conférence. Les Français sont très émotionnels.

E21 : Vos recommandations pour réussir une coopération transnationale ?

PP : Tout au long de mon expérience, j’ai pu constater que l’efficacité de la coopération se fonde avant tout sur la qualité des relations qui sont nouées. Une fois la confiance mutuelle instaurée et les compétences des uns et des autres reconnues, les objectifs communs à atteindre s’énoncent clairement.

GA : Il faut bien définir les objectifs de la coopération, et pour cela identifier les compétences que l’on n’a pas chez soi. On va à l’étranger pour chercher et trouver quelque chose que l’on ne connaît pas dans son pays.

E21 : Les trois mots de la fin ?

PP : je dirais « enrichissement », « échanges » et aussi « retour sur le terrain », au sens d’un renforcement de l’action locale.

GA : Inspiration, rencontre de cultures, et espoirs européens. La coopération est la plus belle promesse pour l’Europe.

Propos recueillis le 4 juin 2009 par Zita Tugayé, Eurêka 21

ICI : l’article d’Eurêka 21 sur le projet E-Elderlyc@re

Pour en savoir plus :
Le site officiel du Pays de Guéret

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