Privilégier la consommation énergétique locale dans les Alpes avec ALPGRIDS

juillet 2024 5 min de lecture
Montagnes

Réduire sa dépense énergétique tout en agissant contre le dérèglement climatique telle est l’ambition du projet ALPGRIDS. La création de sept sites pilotes dans cinq pays de la région alpine a permis de tester un modèle de relocalisation de la production d’énergie.  Destiné en priorité aux collectivités, ce projet vise à transformer la manière dont l’énergie est consommée et produite. Mené par l’Agence régionale de l’énergie et de l’environnement en Auvergne-Rhône-Alpes, en coopération avec une dizaine de partenaires européens, ALPGRIDS est cofinancé par le programme Interreg Espace Alpin.

 

Face aux fréquentes coupures d’électricité subies dans les Alpes et dans la quête d’une meilleure maîtrise de la dépense énergétique, ALPGRIDS a développé des modèles innovants d’autoconsommation.

L’autoconsommation désigne le fait de produire et de consommer sa propre énergie, généralement à partir de sources renouvelables, ici de panneaux solaires photovoltaïques. L’énergie produite est directement utilisée pour les besoins de l’habitation, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des fournisseurs d’énergie externes. Cela permet de diminuer les coûts énergétiques et de réduire l’empreinte carbone.

L’activité principale du projet est ainsi de développer les modèles d’autoconsommation collective, favorisant une production locale et partagée entre plusieurs consommateurs, et de permettre leur réplication sur d’autres territoires européens. Ce projet répond par ailleurs à un besoin de connaissances techniques, notamment en France, où la notion de boucle locale a été introduite dans le droit en 2017. Cette expression désigne tout circuit de télécommunications permettant de raccorder un site client au réseau d’un opérateur.

Chaque site pilote avait sa spécificité. Par exemple, en Autriche, ALPGRIDS implémentait des systèmes intelligents de gestion et de stockage de l’énergie pour les bâtiments du centre d’innovation WEIZ. Tandis qu’en Italie et en Slovénie, les projets visaient à réaliser des études de faisabilité pour créer ou étendre des micro-réseaux. On peut retrouver au sein du même réseau un musée, des bureaux municipaux comme une caserne de pompiers ou des logements sociaux. Certains bâtiments fonctionnent comme producteurs et utilisateurs d’énergie, tandis que d’autres servent uniquement en tant qu’utilisateurs.

Le projet cible principalement les collectivités et les communautés énergétiques (une association de citoyens, d’organisations et d’entreprises qui produisent et consomment de l’énergie provenant de sources renouvelables sur une base partagée), mais il s’adresse aussi à d’autres acteurs tels que les agences de l’énergie, les prestataires de services publics et les centres de recherche. Coordonné par l’Agence régionale de l’énergie et de l’environnement en Auvergne-Rhône-Alpes (AURA-EE), ce projet est mené en partenariat avec une dizaine d’organisations européennes dont la Compagnie Nationale du Rhône (FR), le Centre de l’énergie et de l’innovation de Weiz (AT) ou encore l’Université de Gênes (IT).

Pour atteindre ses objectifs, ALPGRIDS a donné lieu à quatre types d’actions :
– Suivi et analyse des données de sites pilotes : choix des modèles à mettre en place sur les sites pilotes et réalisation des bilans économiques en fonction des données recueillies.
– Identification de critères favorables à la mise en place de boucles énergétiques locales : commande d’une étude juridique pour établir un cadre contractuel et juridique
– Essaimage et retours d’expérience : publication d’un guide destiné aux autorités publiques de l’espace alpin comprenant des mesures pour faciliter la mise en place de boucles énergétiques locales dans les territoires et d’un autre guide à destination des collectivités et communautés énergétiques françaises présentant les points clés de réussite. ​​
– Sensibilisation et éducation : organisation d’ateliers, de visites de sites, d’événements et d’échanges bilatéraux sur les bénéfices de l’autoconsommation énergétique et ses technologies associées.

L’ensemble des conclusions du projet a fait l’objet d’un travail de plaidoyer et de diffusion auprès des autorités régionales et nationales.

Ce projet, mis en œuvre de 2019 à 2022, a été financé à hauteur de 1,88 million d’euros, dont 1,59 million de contribution de FEDER grâce au programme Interreg Espace Alpin.
Depuis la fin du projet, les sites pilotes ont poursuivi la mise en œuvre du modèle. Les contrats types élaborés dans ce cadre sont fréquemment utilisés par les collectivités qui consultent AURA-EE pour des projets d’autoconsommation collective. Les mesures proposées par ALPGRIDS ont par ailleurs été intégrées dans la loi française sur l’accélération des énergies renouvelables, démontrant l’ambition du projet et sa contribution pour améliorer les politiques publiques en la matière. Plus qu’un projet destiné à la région alpine, il s’est étendu à l’échelle nationale et se déploie aujourd’hui en Europe en promouvant ce secteur innovant.

 

Article écrit par eurêka 21

La présentation en image des activités réalisées sur les sites pilotes d’ALPGRIDS en région est disponible ici

Le guide pratique sur les points clés pour réussir un projet d’autoconsommation collective photovoltaïque impliquant une collectivité est disponible ici

Le site web du projet ALPGRIDS (en anglais) est disponible ici
La page du projet ALPGRIDS (en français) est disponible ici