« De la poêle au réservoir » : quand les bus roulent à l’huile usagée – L’INTERVIEW
La ville de Graz est la première à mettre en place un réseau d’autobus roulant à 100% au biocarburant. Sa recette ? Des huiles alimentaires usagées récupérées auprès des restaurateurs et des particuliers. Gerhard Ablasser, Responsable du service « aménagement urbain et programmes européens » de la Ville, revient sur cette expérience qui fait d’un déchet nuisible une source d’énergie renouvelable.
Eurêka 21 : Selon vous, quelles sont les principales réussites du programme ?
Gerhard Ablasser : Aujourd’hui, nous avons la plus importante flotte de bus roulant au biodiesel à 100%. Depuis maintenant 15 ans Ecodrive représente une excellente opportunité d’associer les systèmes d’élimination de déchets, ici les huiles alimentaires usées, à la production de biodiesel. Il n’y a donc rien à regretter.
E21 : Et les difficultés ?
GA : Notre principal problème en ce moment est de répondre aux exigences des nouvelles règlementations européennes EEV (Enhanced Environmentally friendly Vehicules), qui interdisent le recours à 100% de biocarburant ou de biodiesel. Nos bus ne sont conformes qu’aux anciennes normes Euro 4 et Euro 5. C’est pourquoi nous prévoyons de passer la prochaine flotte de bus au biogaz. Le projet en est seulement à ses débuts, nous avons actuellement 4 bus en cours de test. Prochainement, je ne peux pas vous dire quand exactement, dans environ 5 ans, tous nos bus fonctionneront au biogaz.
E21 : Vos partenaires, qui sont-ils ?
GA : Ce projet a nécessité de nouveaux partenaires. Nous avons mis en place une coopération entre l’opérateur des transports, la société qui convertit les huiles usées en biocarburant, celle qui construit des stations de gaz, et une autre société autrichienne d’électricité et voudrait élargir son offre au biogaz.
E21 : Quelles seraient vos recommandations à une collectivité ?
GA : Avant tout, chaque situation doit être envisagée individuellement. Les bus anciens peuvent très bien fonctionner au biodiesel (B100). Les plus récents doivent, bien sûr, répondre aux normes EEV, qui excluent l’usage du B100. [B100 est l’appellation technique du biodiesel, ndlr].
E21 : Savez-vous si votre expérience a été transférée à d’autres territoires ?
GA : Lorsque nous avons lancé le projet en 1994, nous étions les premiers. Maintenant, nous partageons notre expérience avec d’autres pays : le Chine, le Japon, et la Corée. Ecodrive est un modèle de gestion d’une situation locale et spécifique, mais il est facilement reproductible. C’est pourquoi il a fait l’objet de nombreuses conférences internationales et programmes européens, tels que Civitas Trendsetter ou KAPA GS (Intelligent Energy Europe). Il a été relayé par les médias à travers le monde.
E21 : Comment le programme EcoDrive s’intègre-t-il dans la politique de développement durable de la ville ?
GA : Dès 1992, la ville de Graz se lançait dans la promotion des technologies et infrastructures pour le développement de véhicules plus respectueux de l’environnement. De 1994 à nos jours, Ecodrive se spécialise dans la production de biodiesel à partir d’huiles alimentaires usages. A l’avenir, en raison du droit international et du développement, les bus à Graz pourront tout aussi bien rouler au biogaz à partir d’autres déchets locaux.
Propos recueillis le 30 avril 2009 par Zita Tugayé, Eurêka 21
Découvrez ICI l’article d’Eurêka 21 sur l’expérience de Graz
Pour en savoir plus…
Le site officiel de la ville de Graz
Fiche d’expérience de Graz