« De la poêle au réservoir ! » : quand les bus roulent à l’huile usagée

septembre 2009 4 min de lecture
Créateur : Xantana | Crédits : Getty Images/iStockphoto Droits d'auteur : Xantana

Récupérer les huiles alimentaires usagées pour les transformer en carburant. Voici l’initiative pilote « Ökodrive » (Ecodrive), lancée par la ville de Graz en Autriche pour limiter les effets négatifs des 8,5 millions de kilomètres parcourus par an par les 135 bus de la ville.

 

Le principe est simple : la ville récolte auprès des restaurateurs et des particuliers leurs huiles usagées. Elle les remet à la SEEG (Südsteirische Energie-und Eiweiss-erzeugungsgenossenschaft) qui les transforme en biocarburant.

Il a fallu 9 ans de recherche et d’expérimentation avant la généralisation de cette initiative. Dès 1990, la ville, en partenariat avec les universités de Graz et Biodiesel International (BDI), met en circulation deux bus municipaux fonctionnant au biodiesel. Ces prototypes ont permis de régler les problèmes techniques (encrassement des moteurs…) et de trouver des solutions technologiques innovantes (création de filtres…) Aujourd’hui, la totalité du parc d’autobus est convertie.

La ville de Graz engage en 1999 une importante campagne de sensibilisation (brochures d’information, visites dans les restaurants) qui démontre rapidement son efficacité. En 2004, le service de collecte réunit un réseau de 250 restaurateurs ayant fourni sur l’année près de 280 000 kg d’huiles usagées, auxquels il faut ajouter les quelque 75 000 kg représentant la contribution des particuliers.

Ce projet, sponsorisé par les politiques publiques locales, le programme européen CIVITAS /TRENDSETTER, et la compagnie municipale de transport en commun GVB (Grazer Verkehrsbetriebe) est d’abord la volonté d’afficher une prise de conscience écologique. Car si le biodiesel est moins cher que l’essence, il entraine une consommation de 5 à 7% supérieure à celle des véhicules classiques. La GVB n’engendre donc pas de bénéfices directs. Mais les gains pour la ville et le citoyen n’en sont pas moins considérables. Recycler les huiles usagées permet d’améliorer les capacités des stations d’épuration et de traitement des eaux et de réaliser des économies de maintenance de l’ordre de 30 000€. Surtout, on supprime les huiles usagées de la chaine alimentaire. Généralement destinées à l’alimentation animale, voire directement utilisées dans la production de margarine, les huiles usagées se retrouvent souvent dans nos assiettes, avec les effets dommageables sur la santé qu’on leur connaît. Désormais, elles ont trouvé leur utilité finale. L’expérience de Graz montre qu’il est possible de transformer un déchet nuisible en une ressource protégeant l’environnement. Comme souvent dans le développement durable, tout n’est qu’une question d’inventivité.

Aujourd’hui, l’opération Ökodrive affiche fièrement son bilan et reçoit les autres collectivités qui souhaiteraient elles aussi tenter l’expérience. L’initiative se prolonge auprès des taxis : 65 sont déjà au biocarburant et d’autres s’apprêtent à se lancer. Une station service en biocarburant à destination des taxis, des habitants a été construite dans le centre ville. Le succès de l’expérience ne s’arrêtera pas là. Car finalement, son plus grand atout est dans la reproductibilité de son modèle, comme le souligne très justement le trophée européen Osmose, remis en 2007 à la ville de Graz pour son programme Ökodrive.

Séverine Bressaud, Zita Tugayé, Eurêka 21
Avril 2009

Découvrez ICI l’interview exclusive de Gerhard Ablasser, Responsable du bureau « aménagement urbain et programmes européens » de la Ville de Graz, pour Eurêka 21.

Pour en savoir plus :
Le site officiel de la ville de Graz
Fiche d’expérience de Graz
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