BRIEFCASE : une meilleure conciliation des vies professionnelle et familiale pour l’égalité femme – homme

mars 2010 7 min de lecture
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La difficile conciliation des exigences d’une carrière et d’une vie de famille est en Europe le premier frein à l’égalité femme – homme. Avec le projet européen Briefcase, six villes : Bologne en Italie, Düsseldorf et Chemnitz en Allemagne, Amaroussion en Grèce, Plovdiv en Bulgarie et Craiova en Roumanie développent ensemble des services innovants d’éducation et de gardes d’enfants permettant aux famille de mieux équilibrer leurs vies professionnelle et familiale.

 

Entretien avec Raffaella Gentile, du service de relations internationales et projets de coopération de la Ville de Bologne, responsable du projet Briefcase.

Eurêka 21 : Comment le projet Briefcase est-il né ?

Raffaella Gentile (Ville de Bologne): L’idée du projet est née ici, au Conseil municipal de Bologne, qui souhaitait à l’origine évaluer ses politiques de promotion de l’égalité homme – femme par une consultation transnationale. Nous l’avons mis en place dans le cadre du programme d’égalité des chances de la direction générale pour l’emploi et les affaires sociales de l’Union européenne. La ville de Bologne était coordinatrice du projet. Nous avons trouvé nos partenaires grâce au réseau européen Eurocities, également partenaire du projet. Au total, le projet comprenait cinq autres villes de Bulgarie, de Roumanie, de Grèce et d’Allemagne, l’association Millennia (Italie) jouant le rôle de coordinateur scientifique en lien avec ses compétences sur l’égalité homme – femme et l’Institut néerlandais Verwey-Jonker de sociologie.

E21 : Quels sont ses principaux objectifs et activités ?

RG : Notre but était de promouvoir l’égalité homme – femmes par le développement des services de garde et d’éducation d’enfants pour une meilleure conciliation de la vie de famille avec le travail. Nous avons défini quatre grandes phases dans notre projet. La première était la collecte d’informations et de données sur l’existence de ces services « de conciliation » et plus généralement sur le plan de l’égalité hommes – femmes dans le contexte local de chaque ville. Nous avons réalisé de très nombreux entretiens avec des acteurs clés dans le secteur de l’éducation et de la garde d’enfants : professionnels, parents, experts, etc. La première étape constituait la récolte et l’analyse de ces données. Nous avons ensuite mené plusieurs actions pilotes dans les services de conciliation. C’était la deuxième étape du projet. La troisième étape était consacrée à l’identification et à l’échange de bonnes pratiques. Finalement, la dernière phase concernait la dissémination des résultats et expériences du projet Briefcase.

E21 : Quel était le budget du projet ?

RG : Le projet avait un budget total de 500 000 euros. L’Union européenne en a financé la plus grande partie, plus de 400 000 euros, dans le cadre son programme d’égalité des chances. Les subventions ont été partagées entre les partenaires en fonction de leur implication dans le projet : plus ils menaient d’activités et plus ils recevaient de fonds européens.

E21 : Comment avez-vous réparti les rôles entre chaque partenaire ?

RG : Tous les partenaires autres que les villes avaient des compétences spécifiques, il était donc facile de définir le rôle de chacun. Les villes étaient toutes impliquées dans la première phase de recueil et d’analyse de données, elles ont mené les actions pilotes et pris part aux activités liées au partage d’expériences et de bonnes pratiques. Les autres partenaires avaient pour rôle d’accompagner les villes. Ainsi toute la première étape d’analyse et de recherches a été coordonnée par l’association Millennia, coordinateur scientifique du projet. L’Institut néerlandais Verwey-Jonker était en charge de l’évaluation interne du projet.

E21 : Quelles ont été les actions pilotes ?

RG : Chacune des actions pilotes se concentrait sur problème ou un besoin particulier à l’échelle locale. Par exemple, la Ville de Bologne a mené un projet visant à réinsérer les nourrices, travaillant pour la plupart au noir, sur le marché officiel de l’emploi. Nous leur avons proposé des formations pour améliorer leurs qualifications. Parallèlement, nous avons mis en place un service d’offre et de demande à l’usage des familles et des nourrices. Une autre action pilote a été menée par la Ville de Düsseldorf en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie locale et le Centre d’assistance à la jeunesse. Ensemble, ils ont développé les systèmes de garderies au sein petites et moyennes entreprises de la région. Le but de ce projet était d’inciter les employeurs à mettre en place des services de garderie pour leurs employés.

E21 : Les différences culturelles entre les partenaires ont-elles affecté le projet ?

RG : La coopération comprenait six villes de différents pays de l’Union européenne. Il y avait d’importantes différences entre les contextes locaux de chacune. Mais nous nous sommes rendus compte que la question de l’égalité homme – femme et la difficulté pour les femmes de concilier leurs vies professionnelle et familiale étaient communes à tous, malgré les différences culturelles, sociales, politiques ou économiques de chaque ville. Mais ces différences ont posé problème lorsqu’il a fallu définir des indicateurs communs pour recueillir les données et partager les expériences de chacun. On recueille des données pour pouvoir les comparer, mais pour cela on a besoin d’indicateurs communs. C’est pourquoi la première étape de recherches et d’analyse a été cruciale. Elle nous a permis de bien comprendre les problématiques spécifiques de nos partenaires.

E21 : Quelles sont les meilleures pratiques identifiées ?

RG : Un des meilleurs exemples sont les maisons « multi-générations » mises en place par le projet « Hell-Ga » à Düsseldorf. L’objectif est de développer les réseaux de voisinage et leur rôle social par en organisant l’échange de savoir-faire et des potentiels entre chaque génération. Ces maisons transposent la solidarité et la cohabitation de plusieurs générations de l’espace privé, représenté par la famille, à l’espace public que sont les maisons multi-générations. La Ville d’Amaroussion en Grèce a développé des expériences de télé-travail au sein des instituts publics de recherche et des universités. Grâce à ce système, la présence physique du personnel n’est plus requise car la communication peut être maintenue de façon permanente grâce aux services internet. Cela permet aux chercheurs de renforcer leurs liens familiaux tout en étant productifs sur le plan professionnel.

E21 : Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous êtes confrontés ?

RG : Nous n’avons pas rencontré de difficulté particulière, si ce n’est le calendrier du projet. Mener à bien toutes ces activités dans un délai de quinze mois a été un véritable défi. Nous avions constamment l’impression de manquer de temps. 15 mois est une période trop courte pour un tel projet de coopération.

E21 : Comment avez-vous diffusé vos résultats et expériences ?

RG : Notre principal outil a été notre site web développé pendant le projet. Il comprend à la fois un accès public qui nous permet de partager les résultats et découvertes de notre projet ainsi qu’un accès privé fournissant un espace de travail virtuel pour les partenaires. Nous pouvions ainsi gérer le projet malgré la distance nous avons aussi organisé quelques conférences, et la publication de notre rapport final a bien sûr été un des principaux outils de dissémination.

E21 : Trois mots pour illustrer votre aventure ?

RG : « Egalité des chances », « Conciliation » et « Partage d’expériences ».