A Edimbourg, les personnes âgées construisent leur avenir – L’INTERVIEW
« Une Ville pour Tous les Ages » , tel est le nom et l’ambition du plan d’Edimbourg à destination des personnes âgées. De l’accès à l’emploi à la mixité intergénérationnelle, cette stratégie globale et concertée transforme la place des séniors au sein de la ville. Ceux-ci troquent leur statut de fardeau démographique contre celui de force vive de notre société. Entretien avec Glenda Watt, Chef de projet à la Ville d’Edimbourg.
Eurêka 21 : Quels sont les objectifs du projet «Une Ville Pour Tous les Ages » ?
Glenda Watt : Il s’agit d’un plan concerté entre le Conseil municipal d’Edimbourg et nos partenaires du National Health System Lothian, le système de santé public, ainsi que des secteurs privé et associatif. Il cherche à améliorer la qualité de vie des personnes âgées entre 50 et 100 ans ou plus. Edimbourg connaît des changements démographiques, c’est pourquoi nous avons élaboré une stratégie d’adaptation à l’horizon de 2010. Il s’agit de lutter contre les discriminations et de mettre en avant la question du vieillissement, par une meilleure insertion des personnes âgées dans nos sociétés.
E21 : Qu’avez-vous mis en œuvre ?
GW : Nous avons identifié douze leviers d’action centrés sur les questions de logement, de sécurité, de bien-être mental et physique, de formation, de mobilité et de mixité intergénérationnelle. Nous organisons par exemple des ateliers au sein des écoles afin de réunir les enfants et les personnes âgées pour travailler ensemble. Nous étudions les possibilités de développement d’un panel d’activités intergénérationnelles. Nous nous concentrons aussi sur la question des soins. Les personnes âgées peuvent représenter un fardeau pour leurs proches, nous essayons de mettre en place des soutiens pour leur faciliter la situation.
E21 : Quels sont les résultats ?
GW : Une de nos plus belles réussites est le programme « Lève toi et marche » ; il propose toute une panoplie de loisirs et d’activités spécialement conçus pour les personnes âgées. L’accès à l’emploi des personnes de plus de 50 ans est aussi au centre de notre stratégie. Il existe déjà des structures aidant les jeunes personnes en difficulté à trouver un emploi. Nous nous appuyons sur ces structures existantes en nous assurant qu’elles correspondent également aux besoins particuliers des personnes âgées. La Chambre de commerce d’Edimbourg est notre principal partenaire sur le sujet à travers le projet Urbact, qui réunit huit autres pays européens.
E21 : Quelle est la clé du succès de ce plan ?
GW : L’engagement des personnes âgées dès le début du projet ; c’est ce qu’il y a de plus important. Très tôt, nous avons réuni un groupe de personnes âgées ayant participé à l’élaboration du plan, à la conception des services mis en œuvre. Elles ont été le moteur et la principale force de ce projet.
E21 : Quelle a été la plus grande difficulté ?
GW : Edimbourg et l’Ecosse en général connaissent de profondes transformations. De nombreuses politiques publiques sont mises en œuvre et se concurrencent entre elles. Le vieillissement et la prise en charge des personnes âgées ne sont pas toujours une priorité sur l’agenda politique. Tandis que les séniors prennent une place de plus en plus grande dans nos sociétés, leur valeur et l’importance de leur rôle ne sont toujours pas reconnues. Nous devons sans cesse nous battre pour que leurs besoins et contributions soient pris en compte.
E21 : Qui finance le plan ?
GW : Le Conseil Municipal et NHS Lothian se sont mis d’accord pour financer cette stratégie à travers les structures et fonds existants. A chaque fois que nous travaillons sur un nouveau projet, je dois chercher un financement. Ceci étant dit, le service « Santé et Sécurité Sociale » du Conseil municipal compte parmi ses compétences l’assistance et services aux personnes âgées. Il dispose d’un budget très important. Mais son action, bien que complémentaire, reste séparée de la notre.
E21 : Exportez-vous votre modèle ?
GW : Grâce à son succès, nous avons pu faire connaître notre plan qui bénéficie désormais d’une renommée internationale. Nous avons été nominés en 2007 aux « Euro Cities Awards ». L’Organisation Mondiale de la Santé a élaboré une liste des villes les plus compétentes en matière de prise en charge du vieillissement de population, dont nous faisons partie. Nous travaillons avec le gouvernement écossais pour promouvoir notre stratégie. Nous organisons une conférence où de nombreuses personnes de secteurs variés sont invitées, afin d’apporter leur perspective sur les questions liées à la vieillesse.
E21 : Vos recommandations pour une autre collectivité ?
GW : Je lui suggèrerais de regarder notre travail, qui peut être adapté selon les besoins particuliers d’une collectivité. Nous sommes en train de définir une méthodologie pour l’évaluation de notre stratégie, qui prend fin en 2010. Mais le plus important est d’assurer l’engagement des personnes âgées tout au long du processus. Les réunir, consulter leur opinion et les associer à l’élaboration du programme est la clé du succès. Les personnes âgées doivent prendre elles-mêmes en charge leur avenir. On n’a pas besoin de grands budgets pour mettre en œuvre les changements qui comptent.
Propos recueillis le 14 mai 2009 par Zita Tugayé (Eurêka 21)
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Pour en savoir plus :
Site officiel de la Ville d’Edimbourg